Compte rendu PORSPODER FÉVRIER 2022

Après la messe à Porspoder, nous rejoignons la chapelle Saint-Ourzal pour le pique nique et les explications détaillées de Jean-Louis Le Hir.


Chapelle Saint-Ourzal, Porspoder


Fontaine et stèle de l’Âge du fer près de la chapelle


Pierre gravée d’une croix près de la chapelle


Vierge à l’Enfant peinte par un détenu de Pontaniou


Bannière (Jean-Yves André)


Statue de saint Ourzal


Piétà


Frise Pol, Malo, Tugdual et Samon (Philippe Abiven)


Croix ancienne près de la chapelle (déplacée depuis le champ voisin)


Marche autour de Saint-Ourzal


Gâteaux et café offert par Jean-Louis Le Hir

La chapelle Saint-Ourzal en Porspoder

La chapelle est située sur une colline face à la mer. En arrivant à la chapelle, c’est une impression de calme qui domine. La chapelle est bâtie sur un plateau à l’écart des habitations. De ses origines, on ne sait rien. Située à quelques mètres d’une fontaine surmontée du stèle de l’Âge du fer, elle pourrait être très ancienne. La parcelle porte le nom de Park ar vered, le champ du cimetière. Une tradition rapporte que les naufragés étaient inhumés près de la chapelle. Saint Ourzal y a peut-être fondé un ermitage vers le VIe siècle. On ignore tout de ce saint. L’hypothèse selon laquelle Ourzal serait Arzel, le patron de la paroisse de Plouarzel, a été qualifiée de téméraire par B. Tanguy. Dans les champs des environs, des blocs rocheux affleurent. Quelques uns, comme celui se trouvant juste à côté de la chapelle, sont gravés de croix.

La chapelle actuelle aurait été construite en 1639 par René de Kermenou. Ses armes figurent sur le socle du calvaire, un blason fascé ondé d’or et d’azur de trois pièces, trois vagues bleues sur fond d’or. L’arc diaphragme qui divise la nef est peut-être un vestige d’un édifice antérieur.
La tradition rapporte qu’au XIXe siècle, on venait y célébrer des messes dites « drôles ». Le Général Le Flô, né à Lesneven en 1804 et mort à Ploujean près de Morlaix en 1887, y aurait participé. Il aurait été influencé par Victor Hugo. Sans qu’on sache quel crédit il faut accorder à cette tradition, il n’est pas impossible que des séances étranges aient pu être organisées dans la chapelle. Il est peu probable qu’elles l’aient été par Victor Hugo ou le Général Le Flô.

Victor Hugo est né en 1802 et mort en 1885. Il serait venu à Saint-Renan en 1834. À la mort de sa fille Léopoldine en 1843, il est dévasté et n’écrit presque plus rien pendant près de dix ans (publication du pamphlet Napoléon le Petit en 1852 puis Les Châtiments en 1853). Lors de son exil à Jersey de 1853 à 1855, il s’adonne quotidiennement à des séances de spiritisme. C’est Delphine de Girardin qui a initié le clan hugolien, d’abord sceptique, aux séances de tables tournantes. Les discussions sont quotidiennes avec les esprits les plus illustres tels que Dante, Molière ou encore Shakespeare. Quant au Général Le Flô, il a vécu 5 ans à Jersey entre 1852 et 1857. Il a été l’un des proches de Victor Hugo même s’il ne partageait pas ses convictions politiques. Le 11 septembre 1853, il était présent avec son épouse à la première séance réussie de spiritisme. L’esprit a été appelé et l’esprit a répondu. Le Général Le Flô a-t-il été convaincu par ces séances de spiritisme et a-t-il ensuite participé à des « messes drôles » dans la chapelle Saint-Ourzal ? On ne dispose à ce jour d’aucune preuve pour l’affirmer. Rien n’indique que le Général Le Flô était un adepte du spiritisme. S’il était bien présent à la séance du 11 septembre 1853, il l’a très peu été par la suite.

Renaissance de la chapelle Saint-Ourzal

Jusqu’en 1900, il y avait un pardon dans la chapelle Saint-Ourzal le lundi de Pâques. Le dimanche de la Trinité, on y venait de tous les points du Léon [L.-F. Sauvé, Superstitions relatives au mariage, « Mélusine : revue de mythologie, littérature populaire, traditions et usages »,1886, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57906482/f197.image.r=Porspoder?rk=4442082;0] En 1910, le toit avait disparu. Selon certains, la chapelle a été délibérément détruite pour faire cesser les « messes drôles ». Il faut attendre 1979 pour voir revivre la chapelle. C’est l’abbé Job an Irien qui a organisé un chantier pour restaurer le bâtiment. Une association locale a été créée. Le nouveau bâtiment a été inauguré en 1991.

Chaque année la chapelle s’enrichit d’oeuvres souvent réalisées par des artistes locaux.
Au dessus de l’autel, la grande crucifixion a été offerte l’abbé Guichou, ancien recteur de Porspoder. Elle a été sculptée en 1990 par Le Foll, artiste à Plougonven. Elle porte en légende l’une des sept paroles du Christ en croix : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ».

Deux tableaux dans la nef sont signés Gwen : « Le bain des enfants dans la fontaine » et « Le paralytique de Bethseda ». Il y a aussi une piétà, de Claude Josselin, et une Vierge à l’Enfant.
À droite de l’autel, un tableau contient un poème. Le texte original a été écrit en français par Jean-Pierre Boudic, traduit en breton par Job an Irien et calligraphié par Benoit Furet. C’est une ode en l’honneur de Saint- Ourzal (Telenngan da sant Ourzal en breton). La calligraphie est inspirée du cartulaire de Landévennec.
La bannière représentant saint Ourzal a été réalisée en peinture sur toile par Jean-Yves André.
Le tableau de la Vierge à l’Enfant a été peint par un détenu de la prison de Pontaniou à Brest.
En 2009, la chapelle s’est enrichie d’une statue de saint Ourzal et d’une reproduction d’une Vierge à l’Enfant attribuée à Boticelli.

En 2019, Philippe Abiven a offert à la chapelle une longue frise peinte, hommage à Tugdual, Samson, Pol et Malo, quatre des sept saints bretons.

La chapelle Saint-Ourzal et les courants telluriques

Des géobiologistes viennent régulièrement à Saint-Ourzal. La géobiologie s’intéresse à l’influence des champs magnétiques ou électro-magnétiques sur les êtres vivants. La géobiologie dit avoir mis en évidence des courants sacrés qui se déplacent tout droit en surface, et des courants telluriques profonds. Ces courants auraient des vertus thérapeutiques. Il y a plusieurs types de courants classés par couleurs. Seul un pendule tenu à la main permet de localiser ces courants.

À Saint-Ourzal, quatre types de courants profonds se croiseraient, le rouge, l’orange, le vert et le violet. Le courant violet traverserait la chapelle d’est en ouest avant de repartir en courbe. Le courant orange traverserait la chapelle du sud ou nord et rejoindrait la fontaine. D’après la géobiologie, ce sont ces courants qui donnent à l’eau des propriétés thérapeutiques. Dans la chapelle, il y aurait un point de croisement des quatre courants présents et aussi des courants sacrés. Ce point serait situé près de l’autel, côté est. En se tenant devant l’autel, les géobiologistes affirment qu’on ressent un certain bien-être.
Ceci étant, aucune mesure physique n’a jamais pu mettre en évidence des réseaux telluriques structurés tels que ceux qui existeraient à Saint-Ourzal. Les affirmations des géobiologistes sont impossibles à vérifier scientifiquement. Il n’empêche que beaucoup disent qu’on se sent bien à Saint-Ourzal. Courant tellurique ou pas, un passage à Saint-Ourzal vous fera oublier nombre de vos soucis.

Références

Les Tables de Jersey, première séance
https://collectifpou.fr/2022/04/17/les-tables-de-jersey-premiere-seance

Les tables tournantes de Jersey: Procès-verbaux des séances de spiritisme chez Victor Hugo
https://books.google.fr/books?id=160xEAAAQBAJ

Procès-verbaux de séances spirites tenues chez Victor Hugo.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100284512

La chapelle Saint-Ourzal
https://www.patrimoine-iroise.fr/culturel/religieux/Ourzal.php

La chapelle de Saint-Ourzal
Breiz Santel 221 – printemps-été 2012
https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/12158

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