VIDÉOS AOÛT 2024
DE REDON À NANTES
29 juillet 2024 – Départ de Redon
29 juillet 2024 – Fégréac – La Vierge nautonière d’Alain Pondard (inaugurée le 11 juillet 2024)
Le 11 juillet 2024, dans le cadre du 80e anniversaire de la libération de la Poche de Saint-Nazaire, Alain Pondard a présenté son oeuvre dans l’église de Frégréac, une sculpture en bois de la Vierge de Boulogne. Le 11 août 2024, elle a refait le parcours d’août 1944 et à nouveau franchi la Vilaine en bateau.
Voir en fin de page pour plus de détails sur la Vierge nautonière et le Grand retour.
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La Vierge nautonière et le Grand retour (1943-1948)
Dans le cadre du 80e anniversaire de la libération de la Poche de Saint-Nazaire, Alain Pondard a créé une sculpture en bois de la Vierge de Boulogne. Elle a été inaugurée le jeudi 11 juillet 2024, à Fégréac.
On l’appelle Vierge de Boulogne, Vierge nautonière, Notre-Dame de Boulogne ou Notre-Dame du Grand retour.
La légende rapporte qu’en 636, les habitants de Boulogne sont témoins de l’accostage d’une barque poussée par des anges sur laquelle se trouve une statue en bois de la Vierge Marie tenant l’Enfant Jésus sur son bras gauche. La foule attroupée entend la voix de la Vierge :
« Je suis l’avocate des pécheurs, la source de grâce, la fontaine de piété qui souhaite qu’une lumière divine descende sur vous et sur votre ville. Mes amis, faites, en mon nom, édifier une église. »
Un pèlerinage s’est développé autour de cette apparition. À la fin du XIe siècle, une cathédrale a été bâtie. C’est aujourd’hui la basilique de l’Immaculée Conception de Boulogne-sur-Mer.
La statue d’origine de 636, a été jetée au feu en 1793. La Vierge nautonière actuelle date de 1875. Elle est l’œuvre de Louis Duthoit, achevée par Eugène Delaplanche. En 1938, à l’occasion du 4e congrès marial qui doit se tenir à Boulogne, Youssef Howayek réalise une nouvelle Vierge nautonière à partir d’un tronc de cèdre du Liban. Trois copies en stuc blanc sont ensuite sculptées par Pierre Stenne dont une est aujourd’hui conservée à Boulogne et une autre à Rivière-Pilote en Martinique.
Du 8 mai au 17 juillet 1938, trois des statues sillonnent le diocèse d’Arras par trois itinéraires différents, et une quatrième le diocèse de Lille à partir du 25 juin 1938 pour rejoindre le congrès marial à Boulogne-sur-Mer le 19 juillet.
Après le congrès, il est décidé de faire parcourir la France à ces statues pour rejoindre Le Puy où doit se dérouler le 5e congrès marial en 1942. En septembre 1938, la quatrième statue visite 9 paroisses de la Somme. Au printemps 1939, elle parcourt les champs de bataille de 1914-1918 puis arrive à Reims à la Pentecôte. Quand la Seconde Guerre mondiale commence, la statue est remisée dans la Marne en attendant des jours meilleurs. En 1942, le 5e congrès marial est annulé au Puy et remplacé par un rassemblement dans cette même ville le 15 août. La statue de Notre-Dame de Boulogne reprend sa pérégrination. Elle franchit la ligne de démarcation dissimulée dans un camion à légumes et arrive au Puy. Une fois le rassemblement terminé, l’évêque du Puy suggère que la statue continue jusqu’à Lourdes.
Le 28 mars 1943, les évêques français ratifient, chacun dans leur diocèse, la consécration de l’humanité au Coeur Immaculé de Marie, prononcé par Pie XII, le 8 décembre 1942. Le Grand retour naît officiellement le dimanche 28 mars 1943. Partant du sud de la France, quatre statues de Notre-Dame de Boulogne vont rejoindre Boulogne par quatre voies simultanées depuis Lourdes, Bordeaux et Albi. Les statues passent dans presque tous les diocèses. En mars 1948, une statue arrive en Martinique après un court séjour en Guadeloupe. Elle y reste jusqu’en mai 1948.
Le 8 août 1943, l’une des statues part de Dieulivol à 70 km au sud-est de Bordeaux. Elle passe dans le Limousin et arrive à Poitiers le 12 novembre 1943. Le 3 juin 1944, elle entre dans le diocèse de Nantes. Le 4 juin elle est sur la Loire entre Ancenis et Mauves. Pour recevoir le Grand retour, on organise des cortèges, on décore le chemin que doit emprunter la statue avec des arcs de triomphes, des guirlandes. Les événéments de la Seconde Guerre mondiale vont perturber le Grand retour. Le débarquement en Normandie a lieu le 6 juin. À Nantes, la procession prévue le 25 juin est annulée à cause des bombardements. Le 11 juillet 1944, Notre-Dame du Grand retour arrive à Fégréac. Le 31 juillet, la ligne de front est percée à Avranches. Une division blindée arrive devant Redon le 3 août. Plus de cinquante ponts sont détruits dans la région et les Allemands s’enferment dans la poche de Saint-Nazaire.
Le 3 août 1944, Notre-Dame est à Férel où elle est prisonnière dans la poche de Saint-Nazaire. Le 8 août elle arrive à Saint-Cry et on décide de lui faire passer la Vilaine à Cran. On découvre que les bateaux de ce passage ont été coulés à coups de grenades. Le 9 août, près de Théhillac, on trouve une petite barque dans les roseaux, ce qui permet d’aller chercher un bateau plus grand sur l’autre rive dans la zone libérée. Au matin du 10 août, Emile Mary et de Paul Lelièvre acceptent de prêter leur chaland, le Marie-Rose, soigneusement camouflé par eux, afin de faire passer la Vilaine à Notre-Dame de Boulogne. L’heure de passage est fixée à l’heure de la marée, à 11h le 11 août, à un endroit favorable, à un kilomètre en amont de Cran, au au confluent de l’Isac, là où la Vilaine dessine un coude presque à angle droit.
La nuit du 10 au 11 août, la Vierge du Grand Retour est dans l’église de Saint-Cry, entourée de fidèles. Le 11 août à 7h45, la Vierge est sur la route. À 9h, alors qu’elle approche de Théhillac, on apprend que les Allemands sont tout le long de la Vilaine et que le passage est impossible. La statue arrive à une bifurcation près d’un calvaire. D’un côté c’est la Vilaine, de l’autre l’église de Théhillac. Où aller ? On attend devant le calvaire. C’est alors qu’on apprend que le recteur de Tréhillac vient de franchir la Vilaine et qu’il n’y a pas eu de réaction des Allemands. La décision est prise de franchir la Vilaine mais on a perdu du temps. La Vilaine est à son plein d’eau et dans quelques instants la traversée sera impossible. Des signaux sont envoyés vers l’autre rive par des drapeaux.
Du côté de Rieux, on attèle immédiatement deux bœufs pour sortir le Marie-Rose de sa cachette et la traîner jusqu’à l’étier près de la Vilaine. Il y a un kilomètre jusqu’au point de rendez-vous. On longe le bord de la Vilaine où le courant est moins fort et où les roseaux permettent de se dissimuler. Au bout de 100m, une barque approche. C’est le recteur de Théhillac. N’allez pas plus loin, dit le recteur, vous allez vous faire tuer. Mais là-bas, sur la rive gauche, le char de la Vierge descend rapidement. Il faut continuer. La barque accoste juste à temps. Un quart d’heure plus tard, la marée descendait, et c’eût été l’envasement ou la dérive par le courant trop fort. Par chance, la barque est au niveau du pré et l’embarquement s’effectue en 5 minutes.
Le retour est difficile. Il faut lutter contre le reflux. Un tolet cède et une rame devient inutile. La marée ramène dangereusement la bateau vers Cran sur la rive gauche. L’abbé Pondard maintient le tolet à pleines mains. Écrasés par l’aviron, ses doigts sont en sang. Le bateau finit quand même par passer. Le passage devait s’effectuer en silence, mais quand ils voient la Vierge au milieu des flots, si belle et si calme en plein danger, les rameurs ne peuvent pas s’empêcher de chanter à pleine voix, Vierge, notre espérance. Et les gars de Rieux qui attendent de l’autre côté répondent au chapelet et chantent avec eux. À 11 heures et demie, le bateau accoste doucement sur la rive droite. Les paroissiens qui priaient dans l’église de Rieux viennent à la rencontre de Notre-Dame.
Dès le lendemain, après les messes, la Vierge repart. La route de Tréfin (à 6 km de Rieux) est transformée en voie triomphale. Notre-Dame de Boulogne commençait un Tro Breiz dans une Bretagne libérée. Elle est à Vannes le 26 septembre où 20000 pèlerins l’attendent, puis à Loctudy le 22 octobre. Après avoir visité de nombreuses paroisses, elle est à Guingamp le 17 janvier 1945 et à Rennes le 6 avril 1945. Les quatre statues de Notre-Dame de Boulogne sont de retour à Boulogne-sur-Mer le 19 août 1948, cinq ans après leur départ.
Hervé Ménager, président de l’association Mémoire vivante a Fégréac a reconstitué l’itinéraire de la Vierge nautonière en Bretagne et continue de faire vivre la mémoire du Grand retour. Le 11 août 2024, pour fêter le 80e anniversaire de « l’évasion de la poche de Saint-Nazaire », la statue d’Alain Pondard a franchi la Vilaine à bord de la yole La fée des Marais, à l’endroit exact où Notre-Dame de Boulogne avait été embarquée 80 ans plus tôt, au confluent de l’Isac et de la Vilaine. Elle va effectuer un périple en France. Elle est attendue dans de nombreuses villes. Le voyage est programmé jusqu’en 2028.
Liens :
Le grand retour de Notre-Dame de Boulogne à travers la France (1943-1948). Essai de reconstitution. Louis Perouas.
https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1983_num_90_2_3120
La statue de ND de Boulogne traverse la Vilaine, venant de la poche de St Nazaire
https://www.muzillac.bzh/histoire-evenements/guerre-39-45/la-statue-de-nd-de-boulogne-a-herbignac-traverse-la-vilaine-a-rieux-arrive-a-noyal/
Association « MEMOIRE ET PATRIMOINE MISSILLACAIS » Interview de l’abbé Pondard en 1999 pour l’émission radiophonique « Clin d’œil en Loire-Atlantique » : le passage de la Vilaine de Notre Dame de Boulogne en 1944
https://www.missillac.fr/data/mediashare/4v/pfovqke39c9a8hlasz604jnevibfls-org.pdf
La Vierge nautonière franchit à nouveau la Vilaine le 11 août 2024
https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/fegreac-44460/la-vierge-en-bois-de-fegreac-poursuit-son-periple-16e881c8-598a-11ef-a517-056fa7b7b428
Notre Dame de Boulogne à Châteaulin (vidéo)
https://www.cinematheque-bretagne.bzh/base-documentaire-notre-dame de Boulogne-%C3%A0-ch%C3%A2teaulin-426-1632-0-13.html?
Notre-Dame de Boulogne traverse la Bretagne (vidéo)
https://www.youtube.com/watch?v=o1hoHl78i5w